3 Avril 2018
Cela fait un an que j'ai lu la biographie de Jean Ziegler - Le bonheur d'être suisse - et que je voulais écrire quelque chose à son sujet.
Ce soir (un peu tard malheureusement à 23h....), passe sur Arte un documentaire de Nicolas Wadimoff : Jean Ziegler, l'optimisme de la volonté. Je profite de cette occasion pour le faire. Ce documentaire n'est pas une hagiographie, il ne célèbre pas l'homme à tout prix, et en montre les failles ou ambiguïtés.
Le bonheur d'être suisse est évidemment fort différent car c'est un récit à la première personne, son histoire dite par lui. Toutefois, lire le cheminement de cet homme depuis sa naissance en 1934 à Thoune, au coeur de la Suisse, au bord du lac du même nom à la pointe duquel se trouve Interlaken ville touristique, jusqu'à l'ONU où il a été rapporteur spécial sur la question de l'alimentation dans le monde et où il est aujourd'hui vice-président du comité consultatif du Conseil des Droits de l'Homme, est extrêmement intéressant.
En effet, issu de la bourgeoisie suisse empreinte d'un protestantisme austère et exigeant, il aurait tout à fait pu être tranquillement juriste ou professeur de sociologie dans une ville helvète, or sa rencontre avec Che Guevara en a décidé autrement !
On peut évidemment lui reprocher son manque de clairvoyance par rapport à Cuba, et le documentaire de ce soir le fait très justement, mais on ne peut mettre de côté ce qu'on lui doit (en vrac et incomplètement) : avoir dénoncé le scandale de la "trouvaille" des agrocarburants, avoir participé aux travaux qui ont révélé et expliqué l'appropriation des biens des déportés juifs, par les banques suisses, s'opposer à la privatisation des services publics, école, santé, .... en montrant les dégâts que cela occasionne dans les pays et plus particulièrement dans les pays pauvres, s'être battu contre les OGM dans l'alimentation, .....
Il a beaucoup écrit sur ses combats politiques, économiques, sociaux : Une Suisse au-dessus de tout soupçon, Main basse sur l'Afrique, La faim dans le monde expliquée à mon fils, Les seigneurs du crime : les nouvelles mafias contre la démocratie, Le droit à l'alimentation, La Suisse lave plus blanc, .......
Nul n'est parfait, mais ses combats ont toujours été dans le sens de plus d'humanité pour toutes et tous, l'homme est touchant, et pugnace aussi, et sa biographie très intéressante : on y apprend beaucoup, et on revisite les 60 dernières années !